Le Vision Boat (ou Speed Boat) : transformer les freins en leviers de progression collective

Une métaphore simple pour naviguer vers la réussite

Le Vision Boat, aussi appelé Speed Boat, est un outil visuel d’intelligence collective né dans le monde de l’agilité.
Il s’inspire de la métaphore du bateau pour aider une équipe à réfléchir à sa trajectoire : où elle veut aller, ce qui la propulse, ce qui la freine, et les obstacles à contourner.

C’est une méthode simple, ludique et redoutablement efficace pour faire émerger une vision commune, analyser les freins et identifier des leviers d’action concrets.
On l’utilise aussi bien dans les rétrospectives agiles que dans les séminaires de direction, les ateliers de projet ou les démarches de transformation.

Une équipe, c’est comme un bateau : pour avancer, il faut savoir où l’on va, lever l’ancre, hisser les voiles… et parfois repérer les récifs.

 

Dans quels contextes utiliser le Vision Boat ?

Le Vision Boat est particulièrement utile quand une équipe :

  • souhaite prendre du recul sur un projet ou une période écoulée ;
  • veut clarifier sa direction ou sa vision commune ;
  • a besoin d’identifier ensemble les freins, les risques ou les blocages ;
  • veut renforcer la cohésion et l’engagement collectif ;
  • cherche à transformer les problèmes en leviers d’amélioration.

 

Exemples d’usages :

  • Lancement ou bilan d’un projet ;
  • Construction d’une feuille de route stratégique ;
  • Atelier de transition ou de transformation interne ;
  • Réunion de direction ou d’équipe pour “reprendre de la hauteur”.

 

Le déroulé pas à pas

1. Installer la métaphore

Le facilitateur dessine un grand bateau sur un tableau, un paperboard ou un outil visuel collaboratif.
Chaque élément du dessin représente une dimension du projet ou de l’équipe : la destination, le vent, l’ancre, les rochers, les passagers, etc.

Le bateau symbolise l’équipe ou le projet.
L’île, la vision ou le but à atteindre.
Le vent, les forces qui nous poussent.
L’ancre, ce qui freine ou retient.
Les rochers, les dangers à éviter.

2. Définir la destination

Le groupe commence par imaginer l’île : la vision, l’objectif, la réussite souhaitée.
C’est le cap : “Où voulons-nous être dans six mois, un an, trois ans ?”

3. Identifier les moteurs et les freins

Les participants ajoutent :

  • le bateau : les atouts, les forces internes de l’équipe (compétences, outils, …)
  • le vent : les ressources externes qui aident à avancer (partenaires, réglementation, financement…) ;
  • les ancres : les obstacles, les lenteurs, les résistances, les contraintes que l’on identifie à l’intérieur de notre équipe ;
  • les rochers : les risques externes, les menaces à anticiper.

Chacun contribue librement à l’aide de post-it ou d’étiquettes, puis le groupe regroupe et priorise les idées.

4. Explorer les pistes d’action

Une fois les freins et les leviers identifiés, l’équipe choisit les actions prioritaires pour lever les ancres, dépasser les récifs, jouer avec leurs compétences ou renforcer le vent.
Le facilitateur doit alors faire converger les idées vers un plan d’action clair et partagé.

5. Clôturer sur l’engagement collectif

Le groupe formule ensemble ses engagements : “Que décidons-nous aujourd’hui pour avancer ?”
C’est souvent un moment fort, qui redonne de la motivation et de la clarté sur la route à suivre.

 

Les règles du jeu

  1. Tout le monde embarque : chacun peut s’exprimer et contribuer à la réflexion, quelle que soit sa fonction.
  2. On ne cherche pas des coupables, mais des causes : le bateau avance ensemble — on explore le système, pas les personnes.
  3. On valorise autant le vent que les ancres : identifier ce qui marche est aussi important que repérer ce qui coince.
  4. On transforme les freins en leviers : chaque obstacle devient une opportunité d’action.
  5. On clôture toujours par des décisions concrètes : sans action, l’atelier reste une belle métaphore sans effet durable.

 

Les clés de succès

  • Une métaphore claire et vivante : la réussite de l’exercice dépend de la capacité du facilitateur à rendre le symbole du bateau parlant pour le groupe.
  • Un cadrage bienveillant : poser dès le départ un cadre de confiance et d’écoute.
  • Un rythme dynamique : alterner réflexion individuelle et échanges collectifs pour maintenir l’énergie.
  • Une traduction concrète : terminer par des actions tangibles, datées et portées par des responsables identifiés.
  • Un suivi dans le temps : revisiter le bateau quelques semaines plus tard permet de mesurer les progrès et d’entretenir la dynamique.

 

La posture du facilitateur

Le rôle du facilitateur est d’installer la métaphore et d’accompagner la navigation collective.
Il doit à la fois :

  • inspirer confiance,
  • encourager l’expression libre,
  • reformuler sans juger,
  • et aider à transformer les constats en actions concrètes.

Il veille aussi à ce que l’énergie reste tournée vers le futur : le but n’est pas de refaire le passé, mais de se projeter ensemble vers l’île à atteindre.

 

Points de vigilance !

Un objectif flou rend l’exercice plat : si le groupe ne sait pas où il veut aller, la métaphore ne fonctionne pas.
Une trop grande place donnée aux problèmes peut enfermer dans la plainte : il faut toujours rééquilibrer avec les ressources et les solutions.
Une métaphore mal incarnée, trop scolaire ou trop directive, coupe la dynamique.
Et si le plan d’action final n’est pas suivi d’effets, les participants risquent de percevoir l’outil comme purement symbolique.
Enfin, certaines équipes très rationnelles peuvent être déroutées par le côté imagé : le facilitateur doit alors assumer la métaphore et montrer qu’elle sert la clarté, pas la fantaisie.

 

En résumé

Le Vision Boat est un outil simple et puissant pour donner du sens, faire émerger la vision et clarifier les leviers d’action.
En une image, il aide les équipes à voir ensemble où elles vont, ce qui les pousse, ce qui les freine et comment elles peuvent naviguer autrement.
C’est un moment collectif fort, où chacun quitte le rivage des constats pour embarquer vers le changement.

 

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